vendredi 7 février 2014

La création d'un golf sur la commune de St Jean Pla de Corts

Mardi 7 janvier 2014
A l'attention de :
- Monsieur René BIDAL, Préfet des Pyrénées Orientales ;
- Madame Hermeline MALHERBE,Présidente du Conseil Général des Pyrénées
Orientales ;
- Monsieur Alain TORRENT, Président de l' Intercommunalité du Vallespir ;
- Monsieur Robert GARRABE, Maire de St Jean Pla de Corts ;

Madame, Messieurs,

La vallée du Tech est soumise à un stress hydrique croissant donnant naissance à des tensions et des conflits d'usage. Cette situation nous oblige aujourd'hui à une reconsidération des usages des masses d'eau du bassin versant pour un partage équitable.

C'est dans ce contexte que le projet de création d'un golf sur la commune de St Jean Pla de Corts se présente. D'après nos informations, la consommation minimale d’un golf 18 trous haut de gamme en Languedoc Roussillon est de de l'ordre de 5000 m3 par jour soit environ 1 million de m3 par an( arrosage sur 180 jours), ce qui correspond à la consommation des usagers de deux communes telles que St Jean Pla de Corts et Céret réunies. Un projet de golf sous-tend fréquemment un projet immobilier qui ne pourrait alors, qu'accroître la pression sur la ressource. Ce type de projet est souvent sujet à débat au sein de l'opinion publique, c'est pourquoi il s'élabore dans l'opacité et suscite toutes nos inquiétudes.

Monsieur le Préfet René Bidal, en 2012, s'est opposé au projet de golf de Villeneuve de la Raho, Le Président du Conseil Régional, Monsieur Christian Bourquin s'oppose au projet de golf de Marcevol, le projet de golf à St Jean Pla de Corts n'a pas aujourd'hui, davantage de justifications d'exister.

D'après le rapport parlementaire du Sénat ( annexe 29 » les golfs et l'eau » du rapport sur » La qualité de l'eau et assainissement en France » ) fondés sur les travaux de l' Agence de l' Eau Rhône-Méditerranée-Corse; la consommation moyenne d'un golf est de 3800 m3 par hectare et par an. Mais cette moyenne masque les grandes différences climatologiques et physiques des sols entre les régions.Les écarts de consommation varient de ce fait de 1 à 1000 ! C'est évidemment dans le pourtour méditerranéen que l'on observe les consommations d'eau les plus élevées.

Ce projet entre en concurrence avec d'autres usages des sols et de l'eau. Ces concurrences seront amplifiées dans les périodes sèches que nous connaissons. Les effets du changement climatique que nous observons et les prospectives établies annoncent une réduction des débits du Tech de l'ordre de 10 % dans un horizon proche.

L'argument d'un golf écologique est un non-sens face aux faits. L'empreinte écologique d'un golf de quelque nature qu'il soit est synonyme d'artificialisation du paysage et de sols rendus très pauvres en biodiversité. Parmi les activités sportives et de loisirs; c'est le golf qui mobilise le plus de ressources naturelles en eau et en sols.

Le devenir des pesticides et des engrais déversés, même en gestion raisonnée, sur les terrains de golf avec l'emploi de variétés de gazon sélectionnés provoque un impact environnemental fort. Les premiers ravageurs des golfs sont les lombrics, les taupes, les larves de coléoptères. La lutte contre ces ravageurs nécessite l'emploi de pesticides et porte atteinte aux insectes pollinisateurs du territoire environnant et à la faune dans son ensemble.

Les gazons utilisés du type supportant les coupes rases tel que l'Agrostis Stolonifera, variété la plus couramment utilisée, nécessite, chaque année l'emploi, selon les indications du semencier de 100 à 200 kgs à l' hectare d'azote, de 50 à 75 kgs de phosphore auquel s'ajoute de 250 à 400 kgs de potasse. Les variétés de gazons employés très spécifiques sont vulnérables aux maladies car pauvres en biodiversité et il a été observé, dans le temps, le développement d'une résistance au Roundup qui peut engendrer une pollution génétique à terme du territoire environnant.

En amont de cette gestion, afin de préparer le terrain à l'enherbement, de manière à obtenir une culture parfaitement homogène, on utilise des pesticides très toxiques tel le métham suite à l'interdiction du bromure de méthyle.

La compatibilité des golfs avec certains oiseaux est difficile telle la présence des canards des étangs de St Jean dont les aliments et les excréments dégradent les gazons.

Le projet d'utilisation des eaux usées envisagé, provenant de la station de St Jean Pla de Corts-, afin de ne pas impacter sur la ressource du bassin versant engendre un certain nombre de questions d'ordre sanitaire et de pollution de la ressource eau. En nous appuyant sur les études réalisées sur le golf de Girone (Catalogne sud, Espagne) qui a fait usage des eaux grises  pour l'arrosage, il a été constaté en période estivale la présence de coliformes fécaux dans le sol, de chlorure de sodium,de chlore en quantités importantes, ainsi que la présence de métaux lourds et de résidus médicamenteux. Or, il s'avère que les capacités technologiques de la toute nouvelle station d'épuration de ST Jean Pla de Corts ne sont pas en mesure de filtrer les pollutions qui ont été enregistrées à Girone.

L'effet cumulé de l'usage des eaux usées associé à celui des engrais et pesticides employés, même de manière contrôlée, aura nécessairement un impact négatif sur les nappes aquifères et altérera la ressource eau particulièrement vulnérable en période estivale.

Les collectivités locales organisées au sein du SAGE de la Plaine du Roussillon et autour du SIGA du Tech -Albères se sont engagées en direction d' une gestion pérenne des masses d'eau tant sur plan qualitatif que quantitatif. Un projet de cette nature va à l'encontre de ce travail d'intérêt général ainsi que des prises de conscience et des évolutions de comportement qui se font jour. L'action contre l'utilisation des pesticides et le mouvement de reconversion d'espaces vert publics, initiatives soutenues par le Conseil Général, au profit de variétés adaptées à notre climat et à son évolution en sont des exemples.

Les Pyrénées Orientales constituent un pays de Cocagne, riche d'une grande biodiversité et de territoires remarquables.Ces terres de lumières, inondées de soleil, irriguées par des canaux d'arrosages hérités d'un patrimoine ancestral ont nourri une économie maraîchère et horticole exceptionnelle encore vivace aujourd'hui.

La profonde mutation du monde que nous vivons, nous conduit à mettre en œuvre une économie et un mode vie plus respectueux de la terre que nous habitons. La France importe 60% de sa consommation en fruits et légumes de culture biologique. Nous assistons à une demande qui ne cesse de croître face aux effets des pesticides sur la santé. D'autre part, la nouvelle donne énergétique fait nécessité aujourd’hui de développer des circuits courts. L'agriculture biologique génère 2,5 fois plus d'emploi que l'agriculture conventionnelle. Par ailleurs, elle ne produit aucune dégradation de la qualité de l'eau. Avançons dans cette perspective !

En conclusion, Monsieur René BIDAL, Préfet des Pyrénées Orientales, Madame Hermeline MALHERBE, Présidente du Conseil Général, Monsieur Alain TORRENT, Président de l'intercommunalité du Vallespir, Monsieur Robert GARRABE, Maire de St Jean Pla de Corts ; nous demandons l'abandon du projet de golf de St Jean Pla de Corts.

Pour l'Association des Usagers de l'Eau des Pyrénées Orientales
Le Président ; Dominique Bonnard
Association Citoyens dans les Quartiers de Céret
Association Vallespir Terres Vivantes


- Madame Hermeline MALHERBE, Présidente du Conseil Général des Pyrénées Orientales
- Monsieur René BIDAL, Préfet du département des Pyrénées Orientales
- Monsieur Alain TORRENT, Président de l' Intercommunalité du Vallespir
- Monsieur Robert GARRABE, Maire de St Jean Pla de Corts



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